Le ministre de l’Education Nationale vient d’annoncer "La bivalence", c'est-à-dire enseigner deux matières au lieu d'une. Cette proposition avait déjà été reprise par un de ses prédécesseurs
Luc Ferry Aujourd’hui, en France, certains professeurs en poste en collèges et lycées, exercent déjà dans deux domaines: Histoire et Géographie, Physique et chimie. Les professeurs des Ecoles sont polyvalents, ils dispensent des cours dans une gamme de matières élargies à souhait : Lecture, Histoire, Géographie, Education Physique et Sportive, Arts Plastiques, Musique, Mathématiques, Sciences …
Au Canada, dans l’état de l’Ontario, l’organisation de la scolarité est la suivante :
- Cycle Primaire (du jardin d'enfants à la 3e année de scolarisation obligatoire ) soit l'Ecole maternelle en France,
- Cycle Moyen (de la 4ème à la 6ème année de scolarisation obligatoire soir l'école Primaire en France,
- Cycle Intermédiaire de la 7ème à la 10ème année de scolarisation obligatoire soit le Collège français
- Cycle Supérieur (11ème et 12ème année qui correspond en partie aux années Lycée français.
Le personnel enseignant au primaire et cycle moyen enseignent les matières enseignées et ne se spécialisent pas.
Les enseignants du cycle intermédiaire (de la 7e à la 10e ) doivent être qualifiés / spécialisés pour enseigner au moins une matière et enseignent plusieurs matières.Les enseignants du cycle supérieur (de la 11e à la 12e ), doivent être qualifiés / spécialisés pour enseigner au moins deux matières. Cette annonce de bivalence a provoqué des réactions violentes et méprisantes à l’égard des PEGC (professeur d’Enseignement Général de Collège).
Voici un extrait du communiqué de l'agence Reuters du 08/01/2006 repris maintes fois : "Quelle horreur, l'idée de bivalence va encore être lancée... Encore une mauvaise nouvelle et une façon de transformer les CAPESIENS en PEGC, et d'enseigner deux matières alors qu'on en maîtrise difficilement une."... « Pourtant, la bivalence façon PEGC n'a plus du tout la cote auprès du Mammouth (Façon Allègre » ajout au communiqué). Nombreux dans les années 1980, ces enseignants ne sont plus que 18 000 environ dans les collèges, et 65 000 dans les LP. Moins pointus dans leurs disciplines que leurs confrères «monovalents» capésiens ou agrégés, formés dès la sortie du bac, ces briscards à double casquette ne correspondent pas aux normes de l'Education nationale, qui recrute depuis 1999 à partir de la licence. Relancer la formule, comme le suggère Ferry? Impensable, répond Luc Berille, secrétaire général du Syndicat des enseignants-Unsa. «On ne peut pas demander aux candidats de décrocher deux Capes, ni aux professeurs.
QUELLE ATTITUDE ADOPTER ? Laisser les choses en l’état actuel ou les adapter ? - Peut-on accepter comme l’a rappelé le Ministre que les contribuables français paient des impôts pour plusieurs milliers de professeurs actuellement sans affectation ou sans élèves, dont 560 professeurs d'éducation physique et sportive et 400 professeurs d'allemand..
- Que peut en penser le jeune en recherche d’emploi ? - Que peut en penser le salarié au salaire minimum ? - Est-il acceptable d’être payé à ne rien faire ? - Faut-il repousser toute réflexion sur ce sujet ? - Faut-il accuser les Enseignants « sans poste » qui n’y sont pour rien dans cette situation ? - Faut-il opposer les CAPESIENS et les PEGC ? Ces derniers sont-ils vraiment moins performants dans leurs tâches près des élèves ? - Peut-on envisager des solutions intermédiaires tenant compte des besoins de l’Education Nationale et de la situation individuelle des Enseignants sans poste, par la FORMATION à de nouvelles missions d’enseignement dans de nouveaux champs disciplinaires ? - Faut-il rester dans un schéma de formation initiale sclérosée pour les professeurs ou accepter d’envisager et définir une formation initiale en mouvement ? Une réforme des IUFM (Instituts de Formation des Maîtres) est-elle envisageable ? - Quand pourra-t-on sortir d’un corporatisme opposant les uns aux autres : les professeurs de maternelle et primaires à ceux de collèges et lycées, les enseignants du collège à ceux du lycée, les CAPESIENS aux PEGC ? Avec tout ce que cela comporte de niveaux de « mérite », de « valeur » de différences dans les « services horaires » et les « traitements mensuels ». - Les élèves auraient-ils un enseignement de piètre qualité si les changements proposés étaient mis en place? L’autre jour, un collègue professeur m’a dit à propos d’une collègue dont nous parlions : « C’est bien pour elle, d’avoir changé d’établissement, car si elle était restée ici, il lui aurait fallu qu’elle attende de nombreuses années avant d’avoir des CLASSES INTERESSANTES ». Il voulait dire qu’elle aurait dû patienter en attendant le départ à la retraite de certains professeurs de le discipline et que par « classes intéressantes », il signifiait des classes autres que des « classes d’élèves en difficulté » dans lesquelles elle enseignait. Cette remarque montre le chemin à parcourir dans les esprits. Pour certains professeurs, il y a encore des « élèves plus intéressants que d’autres ». CELA EST-IL ACCEPTABLE ? Il ne faut pas s’étonner de la difficulté à nommer des enseignants dans certains établissements scolaires, malgré les discours généraux sur la nécessité de donner à tous les élèves un enseignement de qualité. Les manifestions de mal être dans les banlieues doivent rester à l'esprit de chacun. L’enseignement en France est de qualité malgré les difficultés rencontrées dans les apprentissages. Les Professeurs sont dans leur ensemble sérieux et exemplaires malgré quelques-uns « moins performants ». A mon avis, il ne faut pas rester arc-bouté et se satisfaire de la situation actuelle. La réflexion doit s’ouvrir au-delà des engagements syndicaux et des gouvernements successifs. La réflexion ne doit pas s'appuyer uniquement sur une logique de rentabilité "économique": nous mesurons aujourd'hui les conséquences de la disparition de postes de surveillants. Elle doit être prioritairement pédagogique et concilier les nécessités d'une gestion rigoureuse avec les enjeux de demain, la préparation des jeunes à la société future.