Lors de son passage dans l'émission de Laurent Ruqiuer, "On n'est pas couché", du samedi 21 Octobre 2006 , Le ministre de l'Education nationale a voulu montrer par l'exemple la méthode qu'il préconisait pour l'apprentisage de la lecture.
Voulant bien faire et convaincre les spectateurs et téléspectateurs de l'émission, Le ministre de l'Education nationale s'est "planté" lors de sa démonstration.
Avant de vous expliquer son erreur, voici, si besoin, quelques rappels sur les méthodes de lecture.
La méthode globale : elle a pour principale caractéristique de commencer l'apprentissage de la lecture par des textes et des phrases comme si, entre autres raisons, il y avait une relation "naturelle" entre le code écrit et la construction du sens qui est son objectif prioritaire. Des mots sont appris/mémorisés dans leur globalité.
Ex: un enfant qui n'a jamais appris à lire, sait quand même lire le nom d'un supermarché et le reconnaître quand il le voit écrit. L'habitude de le voir écrit et d'associer sa prononciation entendue maintes et maintes fois: Leclerc, Carrefour, Intermarché ....
La méthode syllabique : sa particularité consiste à engager justement l'apprentissage de la lecture en partant de l'écrit, ou de la manière dont la langue française s'écrit aujourd'hui, et en allant des lettres à la phrase.
Ex: lettre p (prononcée "pé") et lettre i = pi
La méthode phonétique : elle a pour spécificité d'entreprendre l'apprentissage de la lecture à partir de l'oral et, plus exactement, des sons auxquels sont associées les graphèmes auxquels correspondent les lettres et les séquences de lettres de l'alphabet actuel.
Ex: son [l] (prononcé "avec le seul son émis par le placement de la langue au palais, sans le le "ai" de la lettre l prononcée "aile") associé au son [a] = [la]. Les crochets [...] indiquent dans ces méthodes le ou les sons.
Le son [r] (roulement venant de la gorge) est différent de la lettre r (prononcée "air")
Lors de l'émission, Monsieur De Robien a confondu la méthode syllabique qu'il voulait utiliser avec la méthode phonétique qu'il a utilisée.
Il a dit : [l] (son émis par le seul placement de la langue au palais et [a] = [la], c'est une utilisation de la phonétique.
Voici ce qu'il lui fallait dire pour mettre en avant la méthode syllabique préconisée:
lettre l (prononcée "aile") et lettre a = la
Monsieur De Robien s'est bel et bien trompé. Pour démontrer la méthode syllabique, il a utilisé la méthode phonétique. C'est un comble pour un spécialiste des méthodes de lecture. La preuve qu'il n'y connait pas grand chose !!! Il est vrai qu'après ses études, il était Agent général d'assurances à Amiens.
Cette grossière erreur, montre mieux qu'aucune autre démonstration, que le tapage fait autour de l'apprentissage de la lecture est non pas effectuée "pour une meilleure réussite scolaire" mais pour mettre "au pas de marche" les fonctionnaires de son ministère.
Evoluant depuis de nombreuses années près des enseignants des classes primaires, je n'ai pas souvenir d'avoir rencontré une seule fois un enseignant qui pratiquait seulement la méthode globale.
S'il est désolant humainement, que des enfants n'accèdent pas à la lecture et à la connaissance, s'il est dommageable pour la société que de jeunes adultes, ne possédent pas les bases de lecture nécessaires, si cela représente un coût certain, il me semblerait plus honnête d'avoir une vision globale de la situation. Les difficultés scolaires rencontrées ont des origines diverses : Exemple : difficultés de latéralisation : ra perçu ar, 18 perçu 81, scolarisation et intégration d'enfants qui ont vécu des "épreuves de santé" durant la grossesse de la maman ou au début de leur vie...
Il ne faut pas ignorer non plus les réalités socio-économiques, les difficultés culturelles, sociales, les conditions de logement, les conditions familiales, vécues par un grand nombre de ces élèves. Un enfant qui ne bénéficie pas de la présence de ses parents qui travaillent à des horaires irréguliers n'est pas mis en aussi bonnes conditions que celui qui en bénéficie. Un enfant qui est en souffrance affective n'est pas aussi disponible et réceptif à des apprentissages.
Ces situations ne doivent pas pour autant s'interdirent de s'interroger à tous les niveaux de la société.
Le "métier d'enseignant" a évolué et la prise en compte des paramètres de vie personnelle de l'enfant est certainement plus nécessaire maintenant qu'il y a une trentaine d'années.
La société a changé: il y a 50 ans, l'école était une des seules sources d'information et un des rares lieux de formation; les émissions télé se sont multipliées, les radios sont dans les chambres, les jeux vidéos constituent une occupation courante. La télé est parfois et malheureusement considérée comme une "gardienne d'enfant", "une nounou à pas cher".
Une révolution de la politique familiale est nécessaire. Une politique familiale orientée, non pas au service des entreprises, mais au bénéfice des enfants.
Que faites-vous comme travail? Je travaille Chez Renault. Chez Citroën. Peu importe le métier, le lieu de travail définit très souvent une identité.
Dans quelques années Où étais-tu en nourrice? Chez Renault, Chez Citroën. Nous sommes loin du temps de la nounou avec les crêches d'entreprises.
Je vous en prie Monsieur le Ministre, ayez une gestion globale de la situation. Cessez de prendre une entrée aussi étroite que celle unique de la méthode de lecture. Si vous ne le faites pas, je serai porter à croire que vous ne souhaitez pas que la situation s'améliore réellement. Puisque vous voulez instaurer l'obligation de réussite pour tous dans le domaine intellectuel, avez-vous aussi pensé à l'obligation de réussite pour tous dans le domaine de l'éducation sportive ou de l'éducation artistique? Que tous les élèves savent nager! Que tous les élèves savent jouer au foot! Que tous savent chanter juste ou jouer d'un instrument de musique! Laissez-moi sourire !!