12 ANS après les tragiques évènements au Rwanda, le juge Bruguière met en cause le président actuel du Rwanda. Quel crédit faut-il accorder à son enquête et à ses conclusions?
Je vous rappelle ci-dessous la chronologie de ces évènements. Des annotations en bleu reprennent quelques questions à nous poser?
En voici quelques autres.
Je veux bien croire que l'enquête fut longue et difficile mais je m'étonne de sa durée !! 16 ans !!!
Près de qui a-t-il pris ses informations? Ne serait-ce pas près des seuls opposants au Président rwandais actuel? Ne seraient-ils pas plus soucieux de retrouver leur place sur l'échiquier politiques rwandais que de vouloir la vérité sur les faits?
Une si longue enquête ne doit-elle pas être irréprochable? Et pourtant, des fuites (volontaires ?) ont été diffusées dans le journal LE MONDE en 2004.
La BELGIQUE, les USA, l'ONU ont fait acte de repentance en 2001. La France s'y est toujours opposée. Pourquoi? Quelles en sont les raisons? Il est étonnant de constater que la France se trouve isolée. Il est étonnant de constater l'écart entre la position française et le position belge d'autant plus que la BELGIQUE avait des liens étroits avec le Rwanda.
Pourquoi ne lève-t-on pas le "secret défense" sur TOUTES les interventions des militaires français au Rwanda? Cela pourrait lever tout soupçon? Certaines pièces du dossier seraient-elles si gênantes pour l'Etat Français? Michèle Alliot-Marie, a enfin accepté - début nov 2006 - d'en déclassifier une partie. Pourquoi avoir attendu si longtemps et ne le faire que quelques jours avant la plainte du juge Bruguière? Fallait-il les relire et les trier, vérifier leurs contenus et ne livrer que certaines?
Voici le rappel des évènements qui ont conduit au génocide.
1er octobre 1990 : le Front patriotique rwandais (FPR) du général rebelle tutsi Paul Kagamé tente de s'emparer de Kigali, la capitale. La France et la Belgique déploient des troupes (opération "Noroît") au profit du président Juvénal Habyarimana.
4 août 1993 : accords d'Arusha. Ils prévoient un état de droit, un gouvernement de transition, une armée unifiée. L'ONU arrive en fin d'année.
6 avril 1994 : le président Habyarimana trouve la mort dans l'explosion de son avion, abattu au-dessus de Kigali. D'avril à juillet, le génocide de Tutsis et les assassinats de Hutus modérés perpétrés par l'armée rwandaise et les milices extrémistes hutues font quelque 800 000 morts.
Quel rôle a alors joué la France ? Lorsque l'attentat mortel contre le président rwandais déclenche le bain de sang, la France de François Mitterrand (nous sommes en pleine cohabitation) est considérée, par les rebelles tutsis du Front populaire rwandais (FPR) de Paul Kagamé, comme un adversaire. Des coopérants militaires français ne conseillent-ils pas l'armée rwandaise aux prises avec le FPR ?
François Mitterrand (ami du président assassiné), au nom de la défense de la francophonie, ne désirait-il pas barrer la route à une rébellion qui a ses bases arrières en Ouganda, une terre anglophone, ne fait qu'ajouter à la suspicion.
22 juin : le Conseil de sécurité de l'ONU autorise une intervention humanitaire française, l'opération "Turquoise".
4 juillet : le FPR s'empare de Kigali.
5 juillet : Paris crée une "zone humanitaire sûre" où se réfugient de nombreux Hutus.
Les raisons humanitaires ne sont-elles pas un prétexte ? Les militaires français, en s'interposant face aux FPR, sont accusés d’avoir protégé les « génocidaires » et permis à nombre d'entre eux de trouver refuge au Congo voisin d'où ils mènent une guérilla sanglante contre Kigali.
19 juillet : Pasteur Bizimungu, un Hutu, est désigné président de la République par le FPR. Paul Kagamé devient vice-président.
18 août : les derniers éléments des troupes françaises quittent le Rwanda. Des troupes africaines prennent le relais.
8 novembre : l'ONU crée un Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) basé à Arusha, en Tanzanie.
19 avril 1996 : départ des derniers casques bleus de l'ONU.
15 décembre 1998 : la mission parlementaire française conclut que la France "n'a, en aucune manière, incité, encouragé, aidé ou soutenu ceux qui ont orchestré le génocide".
Avril 2000 : la Belgique et l'ONU font leur mea culpa.
17 avril : Paul Kagamé est élu président de la République par le Parlement.
En 2001, la Belgique, les Etats-Unis et l'ONU ont fait acte de repentance. La France s’y est toujours opposée.
25 août 2003 : Paul Kagamé remporte l'élection présidentielle avec près de 95 % des suffrages.
Mars 2004 : des extraits de l'enquête du juge français Bruguière, publiés par Le Monde, désignent le président Kagamé comme responsable de l'attentat de 1994 contre le président Habyarimana. Les autorités rwandaises, à l'occasion des cérémonies du 10e anniversaire du génocide, accusent Paris d'avoir participé au génocide
En décembre 2005, des rescapés du génocide, déposent, en France une plainte contre l'armé française.
N'aurait-on pas demandé au Juge Bruguière de s'activer enfin et d'établir un rapport sur mesure, afin d'attaquer avant d'être trop attaqué? Quelle crédibilité accordé à ce rapport? Connaîtra-t-on la vérité un jour?