De notre correspondant su place : Vu Project. Dans la nuit du 28 au 29 octobre 2007, Ceuta et Melilla, enclaves espagnoles sur le territoire marocain ont été le théâtre d’une tentative d’infiltration de clandestins essentiellement originaires d’Afrique noire.
Au total, selon nos sources d’information anonymes près des autorités marocaines et espagnoles, environ 4500 clandestins auraient trouvé la mort suite à la répression conduite par les Marocains et les Espagnols. Depuis quelques mois, les enclaves avaient déjà connu les mêmes tentatives de passage vers l'Europe mais le nombre de candidats à la migration était moindre : pour 2004 et 2005 s’élevaient à 50 000 tentatives d’entrées.
Depuis, certaines mesures avaient été prises à Ceuta et à Melilla. Les autorités espagnoles avaient installé un double grillage frontalier à plus de six mètres de hauteur. Il devait bientôt être renforcé d’une troisième barrière, avec un système déjà expérimenté à Melilla et incluant notamment des jets d’eau pimentée ( !), entrelacements de câbles pouvant ralentir la progression, fossés creusés. Les autorités espagnoles estimaient avoir déjà dépensé 17 millions d’euros pour renforcer les barrières. Côté marocain, on apercevait en permanence des militaires postés le long de la petite crête qui surplombe la frontière. « Le campement des clandestins était dans cette combe. Ils prennent de l’eau à cette source, montre du doigt un soldat » Après des semaines d’attente, dans la nuit d’automne du 28 au 29 octobre, par lassitude et impatience, ils ont tenté le tout pour le tout, comme d’autres l’avaient fait avant eux. Avec des échelles artisanales ou à mains nues, plusieurs centaines de milliers de Sénégalais, Maliens, Camerounais, Ivoiriens ou Congolais se sont jetés d’un seul coup à mains nues sur les barbelés. Certains ont réussi à franchir les premières barrières et à pénétrer en terre européenne, mais la police et les gardes qui ne s’attendaient pas à une telle « invasion » ont paniqué et se sont mis à tirer dans tous les sens. Plusieurs centaines de milliers (400 000 / 500 000) se sont retrouvés pris sous le feu des balles (caoutchouc ou réelles ?) , d’autres sont restés à l’agonie accrochée aux barbelés. Beaucoup ont été arrêtés. (Combien ? On se sait pas, la zone est bouclée), conduit de nombreuses heures plus tard à l’hôpital de fortune ou un centre médical pour y recevoir quelques soins En attente de soins Ce qu'il reste sur les barbelés .....
Les plus chanceux, qui doivent leur réussite à la mort de leurs camarades se retrouvent à présent sur le sol européen, avec le cœur empli de désespoir, du gâchis et de l’incompréhension des états. Dans la matinée, les services de sécurité ont tenté de boucler tous les accès et procéder au nettoyage et à l’évacuation des corps. Nous avons cependant réussi à obtenir quelques informations. Environ quelques 4500 personnes auraient ainsi trouvé la mort. Les médias vont accourir une fois de plus et le monde s’émouvoir une fois de plus. Dans les semaines qui vont suivre - c’est déjà le cas en France (avec les sans-papiers et élection présidentiable en vue, loi sur l’immigration choisie), en Espagne (régularisation en cours, en Italie (la question se pose), en Allemagne - le débat sur l’immigration va s’imposer dans toutes les capitales africaines et européennes comme un sujet prioritaire. Après une traversée périlleuse du Sahara, que les rescapés appellent désormais "le grand cimetière des noirs", la grande majorité des immigrants partis du Ghana, du Cameroun, du Sénégal, de la Côte d'Ivoire et d'autres pays se heurtent plus que jamais au cordon sanitaire anti-immigration que l'Espagne et les pays maghrébins mettent en place sous la pression de l'Union européenne. Que se passera-t-il lorsqu’ils seront 2 millions à vouloir franchir la frontière ? On tuera 500 000 personnes ? D’autres candidats à l’immigration s’aventurent sur des embarcations de fortune au péril de leur vie. La garde civile parlait récemment de 1.200 noyés en 45 jours pour une période de 2006. Souvenons-nous pourtant que les Espagnols furent considérés comme un peuple d'émigrants jusqu'au début des années 1980. Souvenons-nous aussi, qu’il y a quelques dizaines d’années, dans notre hexagone, nombre d’habitants ont quitté des régions aux conditionx de vie difficile comme la Creuse, pour aller vivre dans une autre région de France. A l’heure de la mondialisation des échanges économiques, la même logique doit s’appliquer pour les déplacements volontaires des personnes. Mais est-ce la bonne solution ? Pendant ce temps là, on fait du Maroc « le gendarme de l'Europe ». Et les autorités marocaines accueillent à bras ouverts (pour faire entrer des devises) des milliers de Français et autres Européens qui achètent des riads ( habitat traditionnel des centres urbains) …. Et bientôt les Marocains d’origine ne pourront plus se loger dans leur pays en raison du prix exorbitant du marché. Le chef du gouvernement espagnol, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, déclarait dernièrement que l'immigration en Espagne devait être liée aux capacités du marché du travail. Il a insisté sur la nécessité d'intensifier la coopération au développement dans les pays subsahariens pour réduire la pression des immigrants noirs africains. L'Union européenne doit remplir ses engagements à l'égard de l'Afrique et de sa misère" a précisé M. Zapatero. Ce discours, nous l’entendons depuis des dizaines d’années, Les aides européennes et gouvernementales sont réceptionnées, trop souvent, par beaucoup de gouvernants africains pour leurs profits personnels, en échange du maintien des avantages consentis aux multinationales qui exploitent les richesses du sol africain. C’est scandaleux !!! L’immigration « choisie » par la France et par le gouvernement De Villepin et Sarkozy ne va-t-elle pas accentuer le pillage des Etats africains ? Dans 10 ans, dans 15 ans, les immigrés acceptés sur un sol étranger reviendront au pays et feront grimper les prix des terrains et de l’immobilier ; les autochtones ne pourront plus trouver à se loger. Comme cela commence à se passer au Maroc! Les gouvernements actuels et passés doivent se positionner autrement. Souvenons de la politique africaine et des réseaux de François Mitterrand ! Ce n’était pas très joli non plus ! Des solutions existent, des perspectives positives sont possibles. Une campagne contre l’émigration africaine sera lancée le 30 août 2006 par l’écrivain camerounais Calixthe Beyala Une campagne internationale contre le départ des jeunes africains vers l’Europe sera lancée le 30 août courant à Paris. "Le spectacle de tous ces jeunes Africains candidats au départ vers l’Europe nous interpelle. Nous ne pouvons pas rester inactifs face à une telle tragédie", a affirmé l’écrivain camerounais Calixthe Beyala, un des porte-parole de la campagne. Mme Beyala a précisé que la campagne sera placée sous l’égide de l’Union internationale des journalistes africains (UIJA), assurant que des missions d’explication seront conduites vers les principales capitales africaines, dont Bamako et Dakar. "La plupart de ces jeunes, qui affrontent la mort pour venir en Europe, croient y trouver le paradis. Nous devons aller à leur rencontre en Afrique pour leur dire que c’est complètement faux", a expliqué l’écrivain camerounais, Soulignant l’importance d’une "bonne information" pour la jeunesse africaine, Mme Beyala a cependant exhorté les Etats africains à proposer des perspectives susceptibles d’inciter les "Africains à reprendre confiance en eux et en leur continent". Un besoin de perspectives en Afrique "La campagne nous conduira à rencontrer des jeunes africains et à les convaincre de rester en Afrique. Mais nos arguments ne seront porteurs que si nos Etats offrent des perspectives d’emplois et de bien-être à notre jeunesse", a estimé l’écrivain camerounais. "Il est important d’organiser le continent en vastes marchés régionaux qui offriront des perspectives capables de retenir les Africains en Afrique. Les solutions aux départs massifs de jeunes africains relèvent de notre responsabilité collective", a insisté M. Calixthe Belaya, rappelant les arrivées régulières d’immigrés africains sur les côtes européennes. Des pays africains et européens s’étaient réunis du 10 au 11 juillet dernier à Rabat (Maroc) pour envisager des solutions aux problèmes d’immigration africaine, mettant l’accent sur l’urgence des politiques de co-développement. La mise en place d’un tel accompagnement, si elle doit passer par les gouvernants des Etats africains et Européens devra s’appuyer à mon avis sur les milliers d’associations françaises et européennes, qui connaissent bien la réalité du terrain et qui mettent déjà en place de nombreux projets qui marchent, en lien direct avec la population. Il ne s’agit pas de créer des groupes de réflexion, des observatoires qui se réunissent dans de beaux hôtels et de verser l’argent à des politiques véreux comme cela se passe depuis de trop nombreuses années.